Les médias sont partout dans la vie des enfants. Une grande partie de ce qu’iels vont apprendre sur la sexualité passera par ce qu’iels voient : des films, des séries, des dessins animés, des livres, des publicités, des vidéos sur les réseaux sociaux… et, un peu plus tard, par la pornographie.

Et pourtant, on parle encore très peu de tout ça avec elleux. Il manque cruellement d’espaces pour leur apprendre à décoder ce qu’iels regardent, à questionner ce qui est montré, à faire la différence entre une mise en scène et la réalité.

Proposer une éducation aux médias adaptée à leur âge, c’est leur donner les outils pour réfléchir, pour nommer et pour comprendre. C’est leur permettre de développer un regard critique sur les représentations du corps, des relations, du genre et de la sexualité qu’on leur sert au quotidien.

L’éducation aux médias, c’est quoi au juste ?

L’éducation aux médias, c’est donner aux enfants des clés pour comprendre les messages qu’iels reçoivent. Pas seulement en ligne, mais aussi dans les films, les dessins animés, les chansons, les jeux ou les publicités.

C’est leur apprendre à :

  • Décoder les images, repérer les stéréotypes, comprendre les intentions derrière une mise en scène. 
  • Questionner les rôles de genre dans les histoires qu’on leur raconte, 
  • Reconnaître les messages sexistes ou sexualisants, même quand ils semblent anodins. 
  • Se demander : « Pourquoi on me montre ça ? », « Est-ce que ça ressemble à la réalité ? », « Est-ce que ça me met à l’aise ou pas ? » Et surtout, à pouvoir en parler librement, sans avoir peur d’être jugé·e.

Cette éducation pose les bases essentielles pour parler plus tard de pornographie. Car, même si ce média est réservé aux adultes, il repose sur les mêmes codes que les autres contenus : mise en scène, scénarios, normes irréalistes.

Les codes à déconstruire

Dans les médias, il existe plusieurs codes omniprésents lorsqu’on parle de relations ou de sexualité. Ces codes influencent ce que les enfants peuvent percevoir comme normal ou désirable. On peut questionner avec l’enfant certains de ces codes les plus fréquents, pour encourager une approche critique, sans jugement.

L’amour romantique comme but ultime

Dans les films, l’histoire s’arrête souvent quand deux personnages tombent amoureux. Comme si c’était ça, le grand objectif de la vie. Le problème ? Ça oublie tout le reste : la communication, le respect, le consentement, la gestion des conflits, etc. 

Des corps idéalisés

Corps minces, musclés, sans poils, sans boutons, sexualisés à l’extrême… Ce qu’on voit dans les médias ressemble rarement à la vraie vie. Ces représentations renforcent des normes irréalistes et peuvent développer des complexes.

Les rôles genrés très rigides

Le garçon qui prend l’initiative, la fille qui hésite, mais finit par dire oui. Ce genre de schéma est encore très présent et participe à des dynamiques sexistes et inégalitaires. Ils empêchent aussi chacun·e d’explorer d’autres façons d’être en relation.

La sexualité comme performance

À l’écran, tout semble simple, instinctif, spectaculaire. Pas de discussion, pas de protection, pas de maladresse. Ces images donnent l’impression que le sexe doit être réussi tout de suite, alors qu’en réalité, la sexualité, ça s’apprend, ça se construit ET ça se discute.

L’absence de diversité

Peu de couples queers, peu de corps gros ou non valides, de relations non hétéronormées. Ce qu’on ne voit pas peut finir par sembler anormal. Et pour les enfants concerné·e·s, ça peut envoyer un message de rejet ou de honte.

Comment en parler

L’objectif, c’est de créer des espaces de discussion. D’encourager une consommation active des médias, où les enfants et les ados apprennent à observer, à questionner, à réfléchir à ce qu’on leur montre. Pour ça, on peut simplement leur poser des questions ouvertes, sans jugement.

Par exemple :

« Qu’est-ce qui te semble réaliste ou pas dans cette scène ? »

« Qu’est-ce que tu penses de la façon dont les personnages se parlent/comportent entre elleux ? »

« Quelles sont les choses qui sont différentes de ce que tu vois dans la vie de tous les jours ? »

« Pourquoi, à ton avis, on ne voit que ce type de corps ? »

On n’est pas là pour faire la morale ou donner une leçon. Le but, c’est de réfléchir avec elleux, pas à leur place. Si un·e ado aime un certain type de contenu, c’est OK. On peut en parler, essayer de comprendre ce qui lui plaît, ce qui l’attire ou fait rire, et discuter ensemble de ce que ça raconte.

Pistes concrètes selon l’âge

Petite enfance (3 à 5 ans)

À cet âge, les enfants ne savent pas encore faire la différence entre fiction et réalité. Mais ils observent tout, y compris les images qui les entourent.

Nommer ce qu’on voit

On peut commenter ensemble un dessin sur une boîte de céréales, ou une scène de dessin animé. Dire ce qu’on remarque, poser des questions simples : 

« Est-ce que les filles peuvent faire ça aussi tu penses ? »

« Qu’est-ce que tu ferais à sa place, toi ? »

Limiter les écrans et privilégier la qualité du contenu

Au-delà du temps d’écran recommandé selon l’âge, la qualité des contenus est tout aussi importante. On va privilégier les programmes éducatifs variés et toujours dans un cadre supervisé.

5 à 8 ans

Les enfants commencent à consommer des contenus en dehors de la maison : à l’école, chez des ami·e·s, sur des tablettes partagées. On en profite pour développer le regard critique sur les médias qui les entourent.

Discuter des personnages et des histoires

Après un film ou une série, on peut demander : 

« Est-ce que tu trouves qu’ils se respectent, sont gentils ? »

« Tu penses que ça se passe comme ça dans la vraie vie ou juste dans les films ? »

Questionner les pubs et les stéréotypes

À l’arrêt de bus ou dans un magazine, on peut jouer à essayer de deviner ce que vend une publicité et discuter des raisons pour lesquelles ces images ont été choisies.

Surveiller les plateformes à algorithmes

Même avec les contrôles parentaux, certaines applis à algorithmes (comme YouTube) peuvent exposer les enfants à des contenus inadaptés, même en mode enfant.

9 à 12 ans

À cet âge, les préadolescent·e·s commencent à avoir plus de liberté dans l’utilisation des écrans et à être plus actif·ve·s en ligne. C’est une période importante pour renforcer leur esprit critique face aux médias et pour assurer leur sécurité numérique.

Parler des réseaux sociaux et de leurs règles

Les réseaux sociaux sont limités à partir de 13 ans pour protéger les enfants de contenus parfois inadaptés. On peut aussi expliquer qu’un algorithme propose toujours plus du même contenu que celui qu’on regarde, ce qui peut finir par donner l’impression que c’est ça, la réalité.

💡 C’est aussi un bon moment pour commencer à faire de la prévention concernant le partage non consenti d’images intimes et de sextorsion.

S’intéresser à leur univers

Demander de nous partager leurs jeux ou leurs vidéos préférées. Cela crée du lien et ouvre la porte aux conversations.

Parler de la pornographie comme d’un média

C’est souvent à cet âge que les enfants y sont exposé·e·s pour la première fois, parfois sans le vouloir. On peut leur expliquer que la pornographie est un média créé pour les adultes, mais qu’il fonctionne comme les autres, avec ses mises en scène, ses exagérations, et qu’il ne montre pas la réalité des relations sexuelles respectueuses. L’important, c’est que les jeunes sachent qu’on peut en parler, sans honte ni punition. Pour toutes nos astuces à propos de comment parler de pornographie aux enfants, c’est par ici.

Offrir des outils

Alors non, on ne peut pas choisir toutes les images qui passent devant les yeux des enfants, mais on peut leur apprendre à les regarder autrement. À poser des questions, à reconnaître quand quelque chose ne ressemble pas à la vraie vie et à dire quand une image les met à l’aise ou pas.

Chaque fois qu’on prend un moment pour en parler avec elleux, on leur montre qu’iels peuvent mettre des mots sur ce qu’iels voient, qu’il n’y a pas de mauvaise question, et qu’on peut réfléchir ensemble à ce qui est réaliste et respectueux.

Crédit image principale : Ketut Subiyanto

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