La sexualité au fil des rides : quand l’érotisme se moque de l’âge

Curieux·se de savoir à quoi ressemblera ta sexualité lorsqu’elle portera le poids du vécu ? Si oui, cet article est pour toi ! Bien qu’il ne soit pas détenteur d’un savoir absolu, il sera en mesure de t’ouvrir l’esprit (et celui de toustes celleux qui le voudront) sur les vérités d’une sexualité qui navigue au gré du temps, sans date de péremption et armée (dans la mesure du possible, évidemment) contre l’âgisme.

Non, la sexualité n’a pas de date de péremption 

Qui n’a jamais entendu des remarques telles que « Iel est bin trop vieux pour faire du sexe ! », « Les aînés n’ont pas besoin d’intimité physique, c’est secondaire. », « Les personnes âgées n’ont plus de désir sexuel, c’est normal. » et autres ? Eh bien, à toutes les personnes qui font de ces croyances une vérité assumée, désolée (ou pas) de vous dire que vous êtes complètement à l’ouest. En effet, à l’image d’une fleur qui s’épanouit et se transforme au fil des saisons, la sexualité, elle, évolue au rythme du temps. De ce fait, l'univers fantasmatique, l’excitation sexuelle, le désir et les pulsions ne s’éteignent pas systématiquement avec la vieillesse et les potentielles pertes associées. En vérité, le plaisir de la chair, tout comme l’ensemble des expériences humaines, deviendra éventuellement l’œuvre teintée des jours passés. 

Mythes ou faits avérés ? 

Hélas, au centre des perceptions collectives, la vie sexuelle des personnes âgées est chose invisible, couramment invalidée dans sa légitimité. Mais pourquoi cette désexualisation oppressive des aîné·e·s ? Probablement un fond d’âgisme, de gérontophobie¹, d’infantilisation² et d’autres comportements issus directement des constructions sociales, elles-mêmes enracinées dans ces mécanismes coercitifs qui marquent l’histoire de la sexualité. 

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^{1 Terme voisin de l’âgisme, celui-ci se concentre spécifiquement sur la peur, le rejet ou le mépris des personnes âgées et du fait de vieillir.}

² L’infantilisation se manifeste lorsqu’une personne est considérée et traitée comme si elle était enfant, par exemple, en niant ou en minimisant ses capacités, son autonomie et autres. 

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Afin de soutenir les précédents propos, voici quelques mythes relatifs à la vie sexuelle des 50-60 ans et + : 

Une personne ménopausée a automatiquement moins de désir 

FAUX

Savais-tu qu’une personne ménopausée pourrait, selon le contexte romantique et sexuel, ressentir autant de désir que lorsqu’elle avait 30 ans ? Bien qu’il puisse y avoir une baisse du désir dans les années qui suivent la ménopause (pour plusieurs raisons, notamment les changements hormonaux), celle-ci n’est pas inévitable. Certes, le désir peut diminuer, mais il peut aussi se transformer et persister. 

Les personnes âgées n’ont plus d’intérêt pour la sexualité

FAUX

Le désir, les émotions et l’imaginaire érotique ne disparaissent pas avec les années. Ils accompagnent les gens tout au long de la vie. Tant que la personne vit, une forme de sexualité continue d’exister, qu’elle soit physique, fantasmatique ou autre.

Dans les couples âgés, la tendresse remplace la sexualité

FAUX

Bien que la sexualité puisse évoluer vers une variation des expressions sexuelles et une décentralisation des relations coïtales, la tendresse et la sexualité continuent de coexister, sans égard à l’âge. Si certain·e·s s’imaginent les personnes âgées uniquement main dans la main, sans élan sexuel, c’est souvent une projection de leurs propres limites quant au vécu intime des individus d’âge mûr plutôt qu’une réalité absolue. 

La sexualité s’arrête avec l’avancée en âge

FAUX

Ce n’est pas l’avancée en âge qui met fin à la sexualité, mais souvent des circonstances, comme la perte d’un·e partenaire, un milieu de vie peu propice à l’expression érotique, des problèmes de santé ou un isolement affectif. Même en l’absence d’activité sexuelle physique, l’imagination, les souvenirs et le désir intérieur peuvent continuer à faire vivre une sexualité. 

Âgé·e, le corps ne suit plus et la sexualité devient pratiquement impossible 

FAUX

Dans les cas où des changements corporels viennent s’immiscer dans les pratiques érotiques (une sécheresse vaginale, des handicaps, des douleurs articulaires et autres), il ne s’agit pas de la fin de la sexualité, mais plutôt d’une invitation à la redéfinir. 

La sexualité, au pluriel PLZ 

Et si on considérait la vie sexuelle des populations vieillissantes d’un œil optimiste, centré sur une sexualité résiliente, créative et diversifiée ? 

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Contrairement à ce que nous disent l’intolérance sociale et ses scripts sexuels dominants, il est tout à fait possible que la sexualité des personnes âgées se révèle être le fruit goûteux d’une exploration sensorielle, affective et cognitive qui dépasse l’activité génitale. Pour ce faire, certains individus d’âge mûr témoignent d’une sexualité réinventée, allant des caresses tactiles aux fantasmes renouvelés, en passant par une intimité désaxée de la performance et davantage ouverte au plaisir mutuel et à la connexion émotionnelle. En fonction des envies, l’inclusion de matériel pornographique et de jouets sexuels est parfois bénéfique pour soutenir les aventures coquines et faire de sa vie érotique un vrai terrain de jeu. 

Les difficultés, on en parle ? 

L’optimisme a du bon, mais rester réaliste oblige à ne pas ignorer ces contraintes susceptibles de se dresser sur le chemin des personnes qui aspirent à cette intrigante sexualité revisitée. Quand on parle de « contraintes », on fait ici allusion à la présence de complications, telles que des pertes fonctionnelles, des problèmes de santé ou, encore, une éducation sexuelle restrictive nuisant aux découvertes sexues, soit celle qui te fait croire que c’est mal de te masturber ou de regarder de la porn. Heureusement, dans l’optique où toute complication porte en elle sa propre solution (même si ce n’est pas toujours facile d’y accéder), il faut se rappeler que plusieurs professionnel·le·s (sexologues, physiothérapeutes, médecins, psychologues et autres) offrent un accompagnement précieux à travers ce processus qui te dirigera vers TA solution. Même s’ils demeurent parfois inconnus, de multiples traitements et outils existent pour remédier aux difficultés sexuelles (traitements hormonaux, outils ergonomiques, médication variée et, parfois même, un simple lubrifiant). 

Vieillir, c’est fait pour jouir

Et si on arrêtait enfin d’emprisonner la sexualité dans les murs exigus de la jeunesse et de la performance ? Vieillir n’est pas la fin de la vie sexuelle : c’est apprendre à la conjuguer autrement, à la considérer dans ses nouvelles formes, parfois moins rapides, souvent plus profondes, mais SURTOUT toujours valides. À mesure que le corps vieillit, il s’oriente vers des expressions revisitées, celles-ci invitant à la tendresse, à l’exploration consciente et à la sensualité créative. Mettre sous silence cette réalité plutôt que l’accueillir avec délicatesse, c’est un exemple précis de comment, sans grand scrupule, la société soutient un modèle réducteur, binaire et normatif de ce que ça signifie d’être « sexuel·le ». 

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Revendiquer une sexualité vieillissante, c’est reconnaître que le plaisir n’est pas une récompense exclusive à la jeune performance, mais un droit évolutif qui hurle que le vrai terrain du désir, ce n’est ni la jeunesse ni la nouveauté, mais l’audace d’habiter son corps, peu importe l’âge, avec curiosité, confort et douceur. 

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Crédit image principale : T Leish