À l’image de la société dans son ensemble, le sport, symbole de dépassement de soi et d’excellence physique, peine encore à briser certains tabous. Parmi eux, le silence qui règne autour des menstruations est assourdissant. Les sportives sont en effet souvent contraintes de composer avec les symptômes du cycle menstruel sans en parler ouvertement, mettant ainsi en péril non seulement leur bien-être, mais aussi leurs performances.
À l’heure où l’on envoie des pop-stars dans l’espace pour quelques heures, ne serait-il pas temps d’offrir aux athlètes un environnement où elles pourront vivre leurs menstruations sans que cela freine leur réussite ?
Un impact invisible aux conséquences bien réelles
Douleurs abdominales, fatigue intense, sautes d’humeur, troubles digestifs… les manifestations du cycle menstruel sont multiples et peuvent affecter considérablement les capacités physiques et mentales des sportives. Pourtant, ces symptômes sont non seulement banalisés, mais ils sont surtout rarement pris en compte dans l’univers sportif, majoritairement construit sur un modèle masculin (sans grande surprise, me diras-tu, mais tout de même).
Une étude menée en 2006 auprès de 241 athlètes féminines a révélé que près de 50 % d’entre elles estimaient que leur cycle menstruel avait un impact sur leurs performances. Le Rally Report de Canadian Women and Sport révèle pour sa part que, pour les jeunes filles de 13 à 18 ans, les menstruations riment souvent avec baisse d’énergie, douleurs, craintes des fuites et des taches, générant stress et distraction. Malgré ces chiffres éloquents, le sujet reste tabou et enferme bien malgré elles les sportives dans un silence aussi pesant qu’une cup un jour de flux abondant.
Mais pourquoi un tel silence persiste-t-il ? La peur du jugement, de l’incompréhension, voire de la moquerie (!!) pousse de nombreuses athlètes à taire leurs difficultés. Des études démontrent par ailleurs que la quête de performance propre au milieu sportif freine les athlètes, tous genres confondus, à admettre leur vulnérabilité, de peur que cela soit perçu comme un signe de faiblesse. Avec des idées reçues si fortement ancrées, il n’est pas surprenant que le tabou autour des menstruations persiste.
Des initiatives encourageantes (mais encore insuffisantes)
Lueur d’espoir, des initiatives et actions concrètes se mettent doucement en place : fourniture gratuite de protections périodiques, campagnes de sensibilisation, développement d’applications dédiées au suivi du cycle menstruel des athlètes menstrué·e·s… Certaines entreprises de produits menstruels s’engagent activement en commanditant des équipes féminines et en facilitant l’accès à des solutions adaptées, tandis que des athlètes de haut niveau, comme la basketteuse Cassandre Prosper, osent désormais prendre la parole publiquement pour partager leurs expériences et encourager les jeunes filles à faire de même.
Si ces initiatives sont encourageantes, elles restent toutefois insuffisantes pour opérer un réel changement de mentalité. La recherche scientifique sur l’impact des menstruations sur les performances sportives, mais aussi sur les capacités physiques de toute personne menstruée, en est encore à ses balbutiements. Mieux comprendre les liens entre fluctuations hormonales, risques de blessures et capacités physiques est pourtant indispensable. Cela permettrait de développer des programmes d’entraînement et des protocoles de récupération réellement adaptés aux besoins de chacun·e, qu’il soit athlète ou non, et ainsi d’être plus à l’écoute de son corps.
Vers un sport réellement inclusif : notre défi à toustes
Briser le tabou des menstruations dans le sport est un défi collectif, qui exige une prise de conscience de l’ensemble des acteur·rice·s du milieu — spectateur·rice·s inclus·e·s. Encourager (et normaliser) la parole des sportif·ve·s, former les coachs et le personnel médical aux enjeux liés au cycle menstruel, et, bien entendu investir dans la recherche scientifique à la hauteur des besoins sont autant de leviers pour créer un environnement sportif plus inclusif et respectueux de la physiologie des personnes menstruées.
Il est plus que temps que le sport reconnaisse les plusieurs milliers de sportives pour qu’elles puissent s’épanouir pleinement et repousser leurs limites, sans contraintes ni tabous.
Crédit photo principale : Yaroslav Shuraev






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