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Dans cet article, on prend le temps de nuancer ce qui nous a été appris par le passé et on essaie d’éviter certains pièges que cette socialisation sur-romantique nous a tendus. Mieux vaut prévenir un heartbreak qu’en guérir.
T.A. : manipulation, invalidation émotionnelle, violence psychologique, contrôle, détournement cognitif, violence sexuelle
La conceptualisation de l’amour
On connait toustes l’amour, mais c’est quoi son étymologie donc ?
L’autre matin, avec mon petit café, j’ai écouté l’émission de Pénélope McQuade à la radio, où son invitée, Sonia Lupien, spécialiste en neurosciences, expliquait que l’amour romantique, particulièrement valorisé chez les jeunes à travers des médias comme les comédies romantiques, peut avoir des effets significatifs, parfois négatifs sur leur développement. L’amour, tel qu’on le conçoit aujourd’hui, est le résultat d’évolutions historiques et sociales, allant des différentes formes d’amour à l’Antiquité à l’amour courtois du Moyen Âge, puis à l’idéal romantique moderne. Aujourd’hui, on peut dire que l’amour est influencé par la technologie et le capitalisme, tout en restant la pierre angulaire des relations humaines. Okay, finalement, si je comprends bien, on se fait socialiser à sur-romantiser depuis qu’on est des enfants ? Yup.
Quand on voit la vie en rose: des explications sur la sur-romantisation
Romantiser, v. transitif direct :
Donner un caractère romantique, idéaliser quelqu’un ou quelque chose.
— Dictionnaire Larousse
La sur-romantisation est le fait d’imaginer des scénarios idéalisés, souvent irréalistes ou futuristes, à propos d’une personne ou d’une situation avec elle, sans qu’ils ne se soient réellement produits. C’est-à-dire, être delulu, héhé. L’esprit devient incapable de ne pas s’imaginer des scénarios émotionnels avec l’autre, dans des contextes encore non vécus. C’est correct, moi aussi je rêvais de frencher Harry Potter quand j’étais p’tite. Malheureusement, ce mécanisme, alimenté par notre imagination, crée un décalage avec la réalité et cet excès de créativité conduit à des attentes inutiles pour nous-mêmes, l’autre personne ou une éventuelle relation. Après, on finit par être déçu·e quand la réalité ne correspond pas à nos scénarios/attentes. Cette désillusion, née de l’écart entre la réalité et le fantasme, peut étouffer l’éclat du moment présent, ne nous laissant que la sensation de ce qui « aurait pu être » ou ce qui « n’est pas encore arrivé ». Not very carpe diem.
L’écriture d’un journal est un excellent moyen de reprendre le contrôle des esprits un p’tit peu trop romantiques. Alors voici quelques trucs pour essayer de moins sur-romantiser les gens et les choses:
- Surutiliser l’application de note de ton téléphone, pas besoin d’un journal physique. C’est aussi OK si tu veux écrire sur du papier, no shame !
- Faire du journaling sur ce qui s’est DÉJÀ passé dans ta vie/relation.
- Identifier tes points faibles. Par exemple, commence par écrire simplement « Je suis trop romantique à propos de... ». Perso, moi c’est m’imaginer faire l’épicerie avec man partenaire, le romantisme, ça se passe dans l’allée des produits laitiers, OK?
- Reprendre le pouvoir du narratif et changer la narration dans ton esprit. Du coup, profites-en pour décrire « Ce que j’attends d’un·e partenaire... » ou « Je mérite un·e partenaire qui... ». Non seulement cela te rend plus conscient·e de tes propres besoins, mais cela indique également à l’univers ce que tu veux. Comme Taylor Swift le dit, Karma’s gonna track you down.
Les enjeux et impacts possibles à romantiser l’amour
Idéaliser l’amour peut nous amener à sous-estimer l’importance du travail nécessaire pour entretenir une relation. L’amour est souvent présenté comme un sentiment spontané, qui arrive sans effort, et si un travail est requis, cela signifierait qu’il ne s’agit pas du « véritable amour ». Cette croyance n’est pas seulement fausse, elle est aussi nuisible.
En réalité, toutes les relations exigent des efforts, des compromis, et une volonté de grandir ensemble. Lorsqu’on attend que l’amour soit simple et parfait, on est plus enclins à abandonner face aux défis, en pensant que la relation est défectueuse ou qu’on n’est pas avec la bonne personne.
Cela dit, il est essentiel de faire la distinction entre les défis/chicanes d’une relation saine et les dynamiques toxiques et violentes d’une relation intime. L’amour ne devrait jamais justifier le maintien d’une relation marquée par un manque de respect, d’abus psychologiques ou physiques ainsi qu’une absence de bien-être. C’est pourquoi savoir reconnaître les limites et effets destructeurs d’une relation est tout aussi primordial que d’y investir des efforts.
Lorsqu’on s’attend à ce que notre partenaire réponde à tous nos besoins émotionnels, qu’iel nous comprenne sans qu’on ait à s’expliquer, ou qu’iel maintienne indéfiniment l’intensité de la phase de lune de miel, on se condamne, ainsi que notre partenaire, à l’échec. Désolée de te l’annoncer, mais personne ne peut satisfaire tous tes besoins, et aucune relation ne peut rester caliente et excitante chaque jour de la vie.
Voici des exemples de dysfonctionnements relationnels ou de comportements potentiellement violents ou manipulateurs pouvant émerger dans une relation où la sur-romantisation joue un rôle fondamental:
⚠️ Nuance importante: tous les comportements décrits ne relèvent pas forcément de la violence relationnelle lorsqu’ils se manifestent de manière ponctuelle ou involontaire. Ils deviennent problématiques lorsqu’ils s’inscrivent dans un schéma répétitif et déséquilibré.
Dysfonctionnements relationnels :
La dépendance affective désigne un besoin excessif d’être validé·e, au point que l’identité et l’estime de soi dépendent entièrement de l’autre. Souvent enracinée dans une carence affective vécue durant l’enfance, elle se manifeste par une incapacité à exister en dehors de la relation, illustrée par des sentiments comme le célèbre « J’suis rien sans toi, babe… ».
La co-dépendance implique un sacrifice de soi pour « sauver » l’autre, avec une quête excessive de contrôle ou de bien-être, souvent motivée par une faible estime de soi. Cela mène à des relations toxiques renforçant la culpabilité et dévalorisation.
La relation fusionnelle, quant à elle, gomme l’individualité des partenaires, le MOI et le TOI disparaissent au profit du NOUS, un lien exclusif et envahissant, rendant difficile toute autonomie personnelle et imposant une dépendance mutuelle étouffante.
Les idéalisations irréalistes de san ou ses partenaire·s amènent à ce que les erreurs et limites ne soient pas acceptées ou considérées. Cette dynamique génère frustrations et ressentiments au fil du temps au sein de la relation.
Parallèlement, l’idéalisation exagérée peut provoquer une peur irrationnelle de perdre san partenaire ou provoquer des crises de jalousie injustifiées, rendant la relation étouffante.
La communication biaisée amène les partenaires à éviter les sujets difficiles ou à minimiser les conflits, par crainte de casser l’image « parfaite » de la relation, ce qui bloque une résolution saine des problèmes.
L’insatisfaction chronique résultant de la déconnexion entre les attentes imaginées et la réalité peut entraîner des déceptions répétées et alimenter un climat de mécontentement dans la relation.
Comportements potentiellement violents ou manipulateurs :
Une forme de violence psychologique subtile peut s’installer lorsque lea partenaire idéalisé·e peut utiliser la sur-romantisation pour manipuler l’autre, par exemple en l’accusant de « ne pas assez aimer » pour imposer des comportements ou des sacrifices.
L’excès de romantisme peut conduire à un isolement émotionnel, empêchant la personne de s’ouvrir à d’autres relations sociales ou amicales, rendant la dépendance mutuelle plus importante et lea partenaire plus vulnérable.
Le détournement cognitif, alias le gaslighting, survient lorsqu’un·e des partenaires manipule la perception de la réalité ou remet en question le jugement de l’autre en utilisant l’idée de l’amour romantique. Le fameux: « Si tu m’aimais vraiment, tu... », sert ainsi à invalider les émotions ou imposer les attentes effectuant du gaslighting.
Le bombardement d’amour, alias le Love Bombing, consiste à submerger un·e partenaire de compliments, d’affection, de cadeaux et de gestes d’amour excessifs dès le début d’une relation, créant ainsi un sentiment d’aveuglement amoureux. L’objectif est de rendre la personne dépendante, de briser ses défenses et de gagner un contrôle sur elle. Cette tactique est souvent utilisée par les personnes narcissiques ou ayant un style d’attachement anxieux. Bien que le love bombing ne soit pas toujours effectué de manière malveillante, il peut devenir malsain à long terme.
L’incapacité à gérer le rejet, lors de la fin d’une relation, peut amener la personne qui effectue une idéalisation excessive à avoir des comportements obsessionnels ou agressifs, car la rupture est perçue comme un échec total plutôt qu’une étape normale de la vie relationnelle.
Appel à la vigilance, le célibatisme, ça stigmatise les personnes solos ?
Le célibatisme désigne une forme de discrimination visant les personnes célibataires, réduisant à leur statut relationnel et dévaluant les personnes solos.
De nos jours, le célibatisme s’est habilement enraciné dans nos croyances, car on nous inculque qu’être en couple est indispensable pour devenir un·e adulte accompli·e et pour respecter les normes de trajectoire sociale imposées par la société. Techniquement, ça s’appelle la norme conjugale et ça présente la conjugalité — le fait d’être en couple — comme la manière normale, naturelle et supérieure d’être un·e adulte (Roseneil et al., 2020). Selon cette logique, l’absence de conjugalité, autrement dit être célibataire, est représenté comme un déficit personnel et social (DePaulo, 2023). Selon Marie-Aude Boislard-Pépin, professeure au département de sexologie à l’UQAM, « c’est entre un quart et un tiers des adultes qui sont célibataires au Québec et même dans le reste du Canada. Donc, on n’est pas du tout dans le modèle du mariage et des enfants, comme les générations précédentes»*. Okay, cette évolution reflète une transformation des normes sociales entourant les relations amoureuses, marquée par une diversification des trajectoires relationnelles et une plus grande acceptation des choix de vie hors des cadres traditionnels, mais il reste encore des préjugés et des mythes sur le célibat…
Mythes et préjugés :
- Un des préjugés envers les personnes seules avec un pénis, c’est qu’elles sont immatures.
- Un des préjugés envers les personnes avec un vagin, c’est qu’elles ont mauvais caractère.
- Le célibat à l’âge adulte établi (30 à 45 ans) est socialement perçu comme un échec.
Psst, des petits conseils :
- Une bonne pratique à développer est de ne pas tenir pour acquis que les personnes solos sont malheureuses et recherchent une vie amoureuse.
- Les questions intrusives sur la vie affective sont à éviter.
*Information tirée du projet En bref du laboratoire de recherche Célibatisme de Marie-Aude Boislard-Pépin
Des besoins et attentes saines à avoir envers notre/nos partenaire·s
Je te présente une petite liste de non-négociables très utile pour définir ses attentes et désirs:
- Tes sentiments, tes besoins et ton vécu comptent. Les ignorer tout le temps finit par gruger ton estime de toi et le lien avec l’autre.
- Une relation, c’est à deux (ou plusieurs) : chacun doit y mettre du sien. Ça ne devrait pas ressembler à une course-poursuite.
- S’ouvrir à l’autre, c’est indispensable. Se détacher constamment, c’est un signe qu’on n’est pas prêt·e à créer un vrai lien. Être vulnérable, ce n’est pas optionnel.
- La transparence, c’est la base. Être honnête, c’est non négociable.
- Manquer d’empathie, de gentillesse et de chaleur ? C’est bye bye.
- Le yoyo émotionnel, hot and cold, ça déstabilise. Une relation, c’est fait pour durer, pas pour être une montagne russe.
- L’amour, ce n’est pas un trophée qu’on gagne une fois : c’est un choix de tous les jours, où toutes les parties doivent être pleinement présentes.
- Une relation saine repose sur l’intégrité et la capacité de reconnaître ses torts. Grandir ensemble, ça demande de l’effort, sinon on ne va nulle part.
- Si quelqu’un ne prend pas soin de sa santé physique, mentale ou émotionnelle, il aura peu d’énergie pour soi-même, encore moins pour bâtir une relation.
- La stabilité, ça se crée à deux (ou plusieurs !), en partageant les responsabilités.
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Sources
- Pénélope McQuade. (2023, 14 février). Santé sentimentale : relation, romance et intimité [Émission de radio]. ICI Radio-Canada Première. https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/penelope/segments/chronique/432505/sante-sentiment-relation-romance-intimite
- The City of Dating. (n.d.). 4 tips to stop over-romanticizing relationships. The City of Dating. https://www.thecityofdating.com/datingadvicecolumn/4-tips-to-stop-over-romanticizing-relationships
- Boislard, M. A., Laplante, S., Roy, M. M., Dion, L., et Dussault, E. (2022). Comment le célibat est-il vécu et compris aujourd’hui ? [Infographie]. Université du Québec à Montréal. https://marieaudeboislard.uqam.ca/wp-content/uploads/sites/54/2022/12/infographie_Celibatisme_1.pdf
- Boislard, M. A., Laplante, S., Roy, M. M., Dion, L., et Dussault, E. (2022). Célibatisme en bref [Fichier PDF]. Université du Québec à Montréal. https://marieaudeboislard.uqam.ca/wp-content/uploads/sites/54/2022/08/celibatisme_en_bref.pdf
- Roseneil, S., Crowhurst, I., Hellesund, T., Santos, A. C., & Stoilova, M. (2020). The tenacity of the couple-norm: Intimate citizenship regimes in a changing Europe [PDF]. UCL Press. https://doi.org/10.14324/111.9781787358898
- DePaulo, B. (2023). Single and flourishing: Transcending the deficit narratives of single life. Journal of Family Theory & Review, 15(3), 389-411.
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