Ces fameuses « parties entre les jambes »… celles qu’on a encore de la misère à nommer, et encore plus à aborder sans gêne. Pourtant, ces organes-là, ceux qui sont examinés dès la naissance pour cocher une lettre sur un certificat de naissance, n’ont rien de mystérieux ou d’extraordinaire. Ce sont simplement des parties du corps, avec des fonctions, des noms, des variations — comme n’importe quel autre organe.
Mais des générations de tabous et de non-dits ont rendu les mots et les discussions autour de ces organes difficiles et malaisants. Au point que l’idée de prononcer ces mots scientifiques devant des enfants nous semble inappropriée. La réalité, c’est que plus on normalise ces mots et ces discussions, plus on peut se débarrasser de cet inconfort et offrir à la prochaine génération un rapport à leur corps et à leur intimité sans tabous ni complexes.
Ces conversations peuvent commencer dès le début. Car un·e enfant qui connaît les mots justes — pénis, vulve, testicules, vagin, anus, scrotum — a du pouvoir sur son corps. Iel peut le nommer, poser ses limites, exprimer une douleur, un inconfort, et communiquer une éventuelle agression sexuelle. Lorsque l’enfant grandit, on peut continuer à en parler, et lui expliquer comment ces parties fonctionnent, comment elles évoluent durant la puberté, et surtout que, tout comme le nez au milieu du visage, les parties génitales sont différentes chez chaque personne.
Voici quelques idées pour lancer ces conversations et parler du corps, comme il est :
Concernant la vulve
• Les lèvres internes et les lèvres externes
La vulve a deux paires de lèvres : les lèvres internes et les lèvres externes. Parfois, on parle encore de « petites » et de « grandes » lèvres, mais, en réalité, ce n’est pas si simple. Les lèvres de l’intérieur peuvent être plus longues que celles de l’extérieur, ou l’inverse. On peut même avoir celle de gauche plus longue que celle de droite. C’est différent pour tout le monde !
• La couleur de la vulve peut varier
La peau de la vulve est souvent plus foncée que le reste du corps. Elle peut être rose clair, brun foncé, parfois même violacée (à cause des petits vaisseaux sanguins sous la peau). Là encore, tout est normal. Il n’y a pas une couleur « idéale » ou « normale ».
• Les poils ont un rôle
Les poils pubiens commencent à pousser à la puberté pour protéger la peau fine et sensible. Ce n’est pas sale, c’est naturel ! Ensuite, chacun·e fait ce qu’iel veut avec ses poils.
• La vulve a une odeur
C’est normal, ce n’est pas censé sentir la « brise florale » ou le « sorbet vanille-caramel ». Pas besoin de savon ni de déo. Un simple rinçage à l’eau tiède entre les lèvres suffit pour nettoyer les sécrétions accumulées dans les plis. Le vagin, lui, est autonettoyant, il ne faut rien y mettre à l’intérieur : ni eau ni savon.
• L’urine sort par… l’urètre
La vulve, c’est aussi deux ouvertures : l’entrée du vagin et celle de l’urètre. L’urètre, c’est le petit canal qui mène à la vessie. Le vagin, lui, est relié à l’utérus, et c’est par là que sortent les règles.
Concernant le pénis
• Les érections, ça arrive tout seul
Durant l’enfance et la préadolescence, le pénis peut se mettre en érection sans raison. C’est mécanique. C’est juste un signe que le corps fonctionne comme il faut.
• Les testicules sont sensibles… à la température !
Pour garder les spermatozoïdes en bonne santé, les testicules doivent rester environ 2 degrés plus frais que le reste du corps. Donc, pour réguler la température, la peau du scrotum se détend ou se resserre. Bref, le scrotum est une peau intelligente !
• Le pénis continue de grandir jusqu’à 20 ans
On considère que la taille adulte du pénis est atteinte vers 20 ans. Donc, les chiffres « moyens » qu’on voit un peu partout sont basés sur des corps adultes uniquement. Puis, dans tous les cas, la taille, ce n’est pas si important. ;)
• Tous les pénis sont différents
Forme, couleur, taille, inclinaison… il n’y a pas un « modèle parfait ». Beaucoup de pénis penchent un peu à gauche, à droite, vers le haut ou vers le bas. Tant qu’il n’y a pas de douleur et que tout fonctionne, ça veut dire que ton pénis est normal et parfait !
• Il y a des pénis de sang et des pénis de chair
Certains sont plus petits au repos et grandissent beaucoup en érection (pénis de sang), d’autres changent très peu entre le repos et l’érection (pénis de chair). Les deux sont normaux. Alors pas besoin de comparer son pénis à celui des autres ou à des moyennes — ça ne veut pas dire grand-chose.
Les parties génitales ont plein de fonctions
D’ailleurs, ces parties du corps ne servent pas qu’à une seule chose. Elles ont plusieurs fonctions : elles permettent d’éliminer (uriner), elles peuvent jouer un rôle dans la reproduction, et elles sont aussi une source de plaisir.
Et oui, ce sont des zones riches en terminaisons nerveuses, donc sensibles au toucher. C’est tout à fait normal de ressentir des sensations agréables en les touchant. Mais c’est aussi important de rappeler aux enfants que ces parties du corps sont privées, juste pour elleux. On ne les montre pas aux autres, et personne n’a le droit de les toucher ou d’essayer de les toucher — parce que ce corps, c’est le tien.
Toutes les mêmes pièces, mais assemblées différemment
En réalité, nos parties génitales sont toutes fabriquées à partir des mêmes tissus ! Lors de la conception, tous les embryons suivent le même plan de base. C’est seulement autour de la 7e semaine de grossesse que les choses commencent à se différencier.
Si le corps reçoit un signal génétique particulier (souvent le chromosome Y, mais c’est parfois un peu plus complexe que ça), ce signal va enclencher la production de la testostérone. C’est elle qui va transformer certains tissus en pénis, testicules, scrotum, etc. S’il n’y a pas ce signal hormonal (ou s’il ne fonctionne pas comme prévu), ces mêmes tissus vont continuer à se développer vers un corps avec une vulve, un clitoris, un utérus, etc. Bref, c’est un peu comme si on avait toutes et tous les mêmes pièces de LEGO qu’on pouvait assembler différemment.
D’ailleurs, il n’y a pas que deux modèles possibles. Parfois, ces tissus ne suivent pas exactement les schémas dits habituels, ce qui fait qu’on peut naître avec un mélange de caractéristiques internes ou externes, ou avec des variations au niveau des hormones ou des chromosomes. On appelle ça une variation intersexe. Environ 1,7 % des personnes naissent avec une forme de variation intersexe. Et c’est une variation naturelle du développement humain.
Cette diversité, elle est partout. Dans les vulves, les pénis, les testicules, les clitoris… il n’y a pas qu’un seul modèle. Chaque corps a ses particularités, ses couleurs, ses textures, ses formes. Et c’est important que les enfants le sachent.
Parce que, quand on ne leur en parle pas et qu’iels sont exposé·es aux mêmes images lissées et irréalistes, les complexes s’installent. Puis, ces complexes, c’est tout un système qui en profite. Un système qui fait croire qu’il faudrait modifier son corps pour qu’il soit « acceptable ». Qu’il faudrait le blanchir, le lisser, le parfumer, le modifier pour le faire rentrer dans une case.
Alors, enseignons à nos jeunes que leurs parties génitales sont N-O-R-M-A-L-E-S. Qu’elles soient claires, foncées, lisses ou poilues, symétriques ou pas, grandes ou petites : tout ça, c’est le corps humain.
Ce qu’on veut qu’iels retiennent, c’est ça : ton corps est unique et parfait tel qu’il est.
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Suspendisse varius enim in eros elementum tristique. Duis cursus, mi quis viverra ornare, eros dolor interdum nulla, ut commodo diam libero vitae erat. Aenean faucibus nibh et justo cursus id rutrum lorem imperdiet. Nunc ut sem vitae risus tristique posuere.